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  • Margaux Vignat

Deux mois après le décès de la reine Elizabeth II : un futur en péril pour la famille royale ?


Le 8 septembre 2022, aux alentours de 13h (heure française), un communiqué de Buckingham Palace annonce pour la première fois que l’état de santé de la reine Elizabeth II est jugé comme “inquiétant”. C’est une première vague d’inquiétude qui frappe alors le monde. Et, peu avant 20h, la nouvelle que personne ne pensait vraiment vivre un jour est rendue public par le présentateur de la BBC, tout de noir vêtu : la reine d’Angleterre est décédée à l’âge de 96 ans au château de Balmoral, après plus de 70 ans de règne, et Charles devient immédiatement roi.


La reine Elizabeth II, monarque britannique depuis 1952, fut un véritable symbole de neutralité et de stabilité pour son pays, mais aussi pour les relations internationales à travers le monde. Au cours de sa vie, elle aura rencontré pas moins de 15 premiers ministres, 13 présidents des Etats-Unis, et 4 papes en visite officielle. En plus d’avoir marqué la scène internationale, elle fut aussi appréciée par son peuple et par de nombreuses générations : on citera par exemple son apparition lors de la cérémonie d’ouvertures des Jeux Olympiques de Londres en 2012, aux côtés de James Bond, ou son échange avec l’ours Paddington, lors du Jubilée au printemps 2022. Ainsi, il semble difficile, voire impensable pour certains, que le nouveau roi Charles III soit à la hauteur d’une telle femme, surtout que le pays semble plonger dans une crise économique sans précédent. Ainsi, la famille royale a-t-elle un futur en Angleterre ?



Un roi qui ne fait pas l’unanimité


Dès le décès de la reine, le prince Charles devient le roi Charles III, malgré une date de couronnement encore inconnue. Étant le premier né, ce rôle lui revenait donc en toute logique, suivant l'ordre de succession britannique. Cependant, ses premières semaines en tant que nouveau monarque sont loin de faire l'unanimité.


Le premier incident notable fut rendu public à la télévision. Alors que le nouveau roi s'apprêtait à signer un document officiel devant les caméras, son stylo semble lui créer quelques problèmes. L'encre commence à s'éparpiller et il se trompe ensuite de date, le tout avec une attitude colérique, attitude que très rarement illustrée au sein de la famille royale. C'est finalement la nouvelle reine consort Camilla qui se charge du stylo défectueux, pour apaiser Sa Majesté Charles III. Un nouvel affront public a aussi lieu le 9 novembre 2022, alors que Charles III était présent à York : un homme a jeté 4 œufs sur le roi. Un tel évènement ne s’est jamais produit lors des parades de la reine, ce qui montre une nouvelle fois la différence entre la reine et son fils dans l’esprit du peuple anglais.


Cet excès de colère télévisé et retransmis sur de nombreux écrans prolonge le sentiment qui avait émergé lors du voyage du cercueil royal : une minorité aurait préféré voir la princesse Anne devenir reine. Son parcours sans-faute avait séduit le grand public et beaucoup avaient admiré son attitude travailleuse.


Enfin, lors de la COP 27, le nouveau monarque ne sera pas présent, malgré un engagement de longue date pour la cause environnementale. Cette interdiction de présence lui fut imposée par Liz Truss, puis par Rishi Sunak. Ainsi, le roi Charles III manquera la première grande échéance internationale qui se déroule sous son règne, laissant ainsi le monde s'interroger sur la qualité de ses engagements.



La pop culture, ce nouvel ennemi imprévu


De plus, la famille royale se retrouve aujourd'hui malmenée par la pop culture. Si la famille royale fut embêtée dès l’apparition des “magazine people”, avec les articles de débauche du prince Harry, la bombe médiatique depuis quelques années se fait de plus en plus virulente.


Le 7 mars 2012, CBS (chaîne américaine) diffuse pour la première fois l’interview exclusive de Meghan et Harry (petit-fils de la reine Elizabeth II et fils du roi Charles III), animée par Oprah Winfrey. Cette interview, réalisée quelques mois après le départ de Harry de la famille, est très attendue par la famille royale, et les révélations faites par le couple sont nombreuses. On retrouve par exemple des accusations à peine dissimulées de racisme face à la couleur de peau de Archie, arrière petit-fils de la reine. L’ancien couple royal accuse aussi “l’institution” (nom donné à la famille royale d’Angleterre) de ne pas vouloir protéger leur enfant, à cause de son absence de titre royal et peut-être à cause encore une fois à cause de sa couleur de peau.


Les confessions de l’ancien couple royal ne semblent pas s’arrêter là pour autant. En effet, Meghan et Harry auraient signé un contrat de plusieurs millions de dollars avec Netflix, pour un docu-série relatant leurs versions des faits. La sortie de ce documentaire, prévu pour 2022, est repoussée à minima à 2023, pour la simple et bonne raison que Netflix est déjà dans le viseur des royaux anglais. La sortie de la saison 5 de la série à succès THE CROWN est aussi redoutée dans les sphères bourgeoises britanniques. La saison 5 est à priori axée sur les tensions entre le couple formé par Charles et Diana, avant que cette dernière divorce et décède en 1997. Les épisodes vont donc illustrer tour à tour le divorce très médiatisé entre Charles et Diana, l’interview scandale de Diana en 1995, et la relation intime entre Charles et Camilla, sa maîtresse à ce moment. C’est donc un énième problème que “l’institution” va devoir affronter, alors que son image est déjà au plus bas. Il paraît donc judicieux de s’interroger sur la capacité de cette famille à survivre à une nouvelle humiliation médiatique, puisque comme l’affirme Richard Kay, les jours de la famille royale sont comptés dès lors qu’elle perd l’affection du public.



La dernière reine d’Angleterre et la fin d’un leadership féminin sans précédent


Enfin, ce n’est pas qu’un monarque anglais que le monde a perdu le 8 septembre, mais bel et bien un exemple fort de leadership féminin. Même si la reine Elizabeth II n’était pas la première femme sur le trône britannique, elle a su marquer les esprits de plusieurs générations de femmes. Par exemple, lors de son discours en Australie sur le thème des femmes, lors du sommet du Commonwealth, elle affirme alors qu’il est primordial de trouver des solutions pour permettre aux filles et aux femmes de jouer leurs rôles importants dans les années à venir, face aux nombreux changements.


Cependant, il se pourrait que le Royaume-Uni et le reste du monde ne retrouvent jamais un tel modèle féminin sur la scène diplomatique internationale. Clive Irving, auteur et journaliste, défend dans son ouvrage The Last Queen: Elizabeth II's Seventy Year Battle to Save the House of Windsor, la reine sera probablement la dernière reine d’Angleterre de l’histoire du Royaume-Uni. Lors d’une interview avec le journal Glamour, l’auteur explicite sa pensée. La succession de la reine étant masculine (Charles, puis William, puis Georges) pour encore presque 40 ans, l’incertitude sur le futur de la famille royale est trop élevée pour dire qu’il y aura un jour une nouvelle reine. Irving affirme que cela va dépendre de la perception du peuple envers la famille royale : la reine avait une vie privée presque inconnue, et une prestance inégalée. A l’opposé, la vie privée de Charles a été étalée à la vue de tous à maintes reprises, et son sens du devoir paraît moins étoffé que celui de sa mère… Depuis 1952, toutes les femmes ont connu une femme en tant que reine d’Angleterre, mais la probabilité que les générations futures voient à nouveau une reine à Buckingham Palace semble donc très faible.



Ainsi, la famille royale semble emportée dans des tourments qui ne prennent pas fin. Que ce soit par un roi qui n’arrive pas à se hisser à la hauteur de sa mère, par les médias ou par la fin du leadership féminin, il n’est pas impossible de voir d’ici quelques décennies le retrait des Windsor, mettant ainsi fin à des siècles de présence, et à une monarchie incomparable aux autres monarchies dans le monde.




Sources :

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