- Sabiha Tiguercha
Diplomatie et Jacques Chirac, une histoire de conviction
Updated: Feb 17, 2021
Arrêt contemplatif devant la Cathédrale Saint-Louis des Invalides, temps d’humilité à la cour d’honneur, échanges fugaces avec ceux qu’il représentait … Traversant ainsi famille, compères politiques et alliés français, il reprit sa route pour se rendre en lieu de deuil. Cette ascension n’est autre que celle du cercueil portant le corps du défunt Jacques Chirac.
S’étant éteint à l’âge de 86 ans, les coups de midi de ce lundi 30 Septembre ont marqué le début d’une cérémonie d’hommage empreinte d’émotions. Entre respect et admiration, la mémoire de Jacques Chirac a pu saluer la présence d’une trentaine de chefs d’État et de gouvernement sous les voûtes de l’église Saint-Supplice à Paris. Homme d’élite, homme du peuple, mais surtout « homme de cœur » auprès des français ; le président de la Ve République a laissé un héritage diplomatique des plus élogieux.
Fervent successeur à la tradition diplomatique gaullienne, la pratique politique internationale de Jacques Chirac a eu plus de succès que sa politique intérieure. Parfois peu suivi par le peuple français, il a toutefois su incarner une figure de résistance à l’échelle mondiale.
Une illustration marquante de cette résistance est celle de sa rigidité face à la guerre d’Irak. A une époque où Berlusconi, Aznar ou encore Tony Blair préféraient s’attirer les faveurs de Washington plutôt que de manifester leur soutien à la Palestine, Jacques Chirac s’est opposé fermement à la première puissance mondiale.
Entre défense du multilatéralisme, du droit international et des institutions internationales, Jacques Chirac a inspiré son peuple à la considération de l’autre et au respect. « Je ne peux pas accepter la banalisation de l’intolérance et de la haine » prônait-il avant le second tour de l’élection présidentielle de 2002, refusant de débattre avec Jean-Marie Le Pen.
L’homme qui incarne le « charme français » s’est efforcé de véhiculer cette image en entretenant une amitié particulière avec l’Afrique et le Proche-Orient. Visiblement l’un des dirigeants les moins occidento-centré du Nord de la Terre, ses convictions ont apporté énormément à la culture française et à la laïcité. C’est probablement la chose qui le fera vivre en tous lieux et cœurs du territoire.
Après une minute de silence dans les administrations publiques et dans les écoles, il se verra inhumer au cimetière de Montparnasse ; là où il reposera en paix auprès de sa fille Laurence, morte en Avril 2016.