Felicien Michel
L'élection présidentielle américaine : un casse-tête électoral ?
Updated: Feb 15, 2021
L’élection américaine est imminente, c’est pourquoi je vous écris ce petit texte qui vous permettra de mieux comprendre son fonctionnement si particulier, et ainsi mieux décrypter ce que l’on peut observer aux États-Unis durant les périodes électorales.
Pour commencer, le système électoral américain est fondamentalement différent du nôtre. Seuls deux partis existent, Démocrate et Républicain de couleur respectivement bleu et rouge, qui organisent chacun des primaires en amont de l’élection, afin de dégager leur unique candidat. Un président est élu pour 4 ans et ne peut prétendre qu’à deux mandats en tout et pour tout. Il faut également rajouter que, même si cela n’est qu’informel pas écrit, un candidat qui perd l’élection présidentielle américaine se retire très généralement de la vie politique, ce qui n’est pas le cas en France.
Concernant l’élection en elle-même, Le fait que les Etats-Unis soient un pays fédéral joue un rôle très important dans le déroulement même de l’élection. Chaque État américain est divisé en plusieurs circonscriptions (souvent de manière un peu barbare du point de vue géographique), qui élisent chacune un grand électeur. Ce découpage des États, décidé par les autorités locales une fois tous les dix ans, s’appelle « gerrymandering ». Celui-ci n’est pas uniforme d’un État à l’autre. Par exemple, la Californie possède le plus de circonscriptions et donc le plus de grands électeurs élus, soit 55, tandis que l’Alaska ou le Montana n’en élisent que trois par exemple. Le collège électoral américain compte en tout 538 grands électeurs et c’est pourquoi il faut donc au minimum 270 voix à l’un des deux candidats à la Maison Blanche pour avoir la majorité absolue et donc être élu.
Le rôle de la population consiste donc à voter pour élire le grand électeur de leur circonscription, ce qui correspond au final à ce qu’on pourrait appeler une élection indirecte en France. Ce système électoral donne un poids totalement différent aux 50 États fédéraux du pays. En effet, le candidat obtenant la majorité de grands électeurs dans un État remporte la totalité des voix de celui-ci (« Winner takes all »). Cela explique pourquoi, par exemple, Donald Trump a remporté l’élection de 2016 alors qu’il avait moins de vote de la part des électeurs qu’Hilary Clinton : seuls les votes des grands électeurs comptent.
Certains États sont traditionnellement remportés par les Démocrates à chaque élection : on parle de « Deep Blue States » (bleu foncé sur la carte). Ces États se trouvent principalement sur les côtes Est et Ouest du pays, tels que le Massachusetts, l’État de New York ou encore la Californie.
D’autres États sont traditionnellement remportés par les Républicains : ce sont les « Deep Red States » (rouge foncé sur la carte). Ceux-ci sont surtout situés à l’intérieur du pays, tels que le Texas, le Montana ou encore le Kansas.
Enfin certains États sont plus indécis au fil des différentes élections présidentielles, et sont remportés successivement par les Démocrates et les Républicains. Ceux-ci sont qualifiés de « Swing States » (bleu clair et rouge clair sur la carte). Ainsi la Floride et le Wisconsin font tous deux partie de ces douze États hautement stratégiques qui décideront à coup sûr du nouveau dirigeant américain.

Nous comprenons mieux pourquoi les candidats Joe Biden et Donald Trump réalisent leurs meetings dans les États qui pourraient potentiellement pencher d’un côté ou l’autre de la balance, et non pas dans les États déjà acquis à leur cause ou à celle de leur adversaire. Toutefois, l’élection de Donald Trump en 2016 s’est réalisée, bien qu’imprévue, car certains « Deep Blue States » qui l’étaient depuis parfois 60 ans, sont passés du côté Républicain en défiant tout pronostic.
Pour finir, il faut rajouter que la campagne en elle-même prend des aspects spectaculaires dans de nombreux domaines : des milliers de drapeaux, pancartes, casquettes, t-shirts et autres goodies sont vendus et distribués avant l’élection ; les frais de campagne ne sont pas payés par l’argent public, mais par les dons des électeurs, des entreprises (même si cela reste discret), ainsi que par les capitaux propres de chaque candidat (11 milliards de dollars pour cette campagne 2020, ce qui en fait la plus coûteuse de l’histoire des Etats-Unis). De véritables campagnes publicitaires cherchant à discréditer l’adversaire, soit par des vidéos ou encore des affaires en justice, sont lancées de part et d’autre : tous les coups sont permis ! Enfin le vote par correspondance semble se démocratiser au cours des dernières élections en date, permettant aux électeurs américains de ne pas se déplacer, en plus de voter quelques jours en avance. Bien évidemment cette méthode pose des questions, notamment vis-à-vis des risques de fraudes qu’elle pourrait entraîner.
Maintenant que vous disposez de toutes ces informations, il ne vous reste plus qu’à attendre les résultats de cette 59ème élection américaine, qui devrait livrer tous ses secrets le 3 Novembre !
Sources
https://frenchdistrict.com/articles/elections-presidentielles-americaines-comment-marche/
https://web.archive.org/web/20070616094433/http://www.utexas.edu/lbj/webcasts/docs/honkytonkgap.pdf