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  • Writer's pictureMargaux Vignat & Louis Smesman

L’espace: une menace fantôme

Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine… Voyager 1, le satellite qui s’est le plus éloigné de la Terre depuis le début de la conquête spatiale. Ce succès de la NASA, lancé en 1977, illustre l’excellence technologique implantée dans l’exploration de l’espace. Néanmoins, il serait réducteur d’oublier le contexte géopolitique d’un tel lancement, à l’apogée de la Guerre Froide. Ainsi, très rapidement, l’espace s’annonce comme un lieu d’affrontement indirect.

A l’heure où la place des technologies ne fait que croître, quel est le futur de l’espace ? Doit-on s’attendre à une escalade technologique sans pareil ?







Star Wars 1 : la guerre froide et la course à l’espace


Alors que les Etats-Unis et l’URSS se font idéologiquement et militairement face, les deux pays dans une rivalité se lancent, comportant une nouvelle dimension : l’espace. En effet, l’espace un enjeu géopolitique était : aucun pays n’avait encore pu s’y rendre, c’était une zone pour les 2 grands à conquérir. Les soviétiques sont les premiers à se lancer dans cette conquête en envoyant la 1ère capsule dans l’espace en 1957, Spoutnik-1, suivie de Spoutnik-2 la même année avec à son bord la chienne Laïka, premier être vivant à découvrir l’espace. Le lancement de Spoutnik-2 pour célébrer le 40ème anniversaire de la Révolution d’Octobre par Khrouchtchev avait été ordonné. Les américains réagissent en créant la NASA en 1958 : la course à l’espace est officiellement lancée. Néanmoins, l’URSS en 1961 le premier homme Youri Gagarine dans l’espace envoie, confortant l’avance soviétique. La riposte américaine ne s’est pas faite attendre : le mois suivant, J.F Kennedy la “nouvelle frontière” évoque et le programme Apollo est lancé. La mission Apollo XI concrétise les ambitions américaines : les Etats-Unis font alunir leur premier Jedi, Neil Armstrong, le 21 juillet 1969. La réussite d’Apollo XI est le point culminant de cette course à l’espace. Dans le contexte de la détente, la course à l’espace est ralentie, symbolisée par le couplage d’Apollo et de Soyouz. Dans les années 1970, les Etats-Unis sur Terre sont discrédités: Nixon en 1974 démissionne et les Jedi en 1975 au Vietnam sont défaits. Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine



Star Wars 2 : paragraphe transitionnel


Engagés dans la guerre froide, les Etats-Unis et l’URSS étaient les principales puissances spatiales de l’époque. Une puissance spatiale est un pays ayant mis en orbite un satellite avec son propre lanceur. Les acteurs se sont multipliés mais sont restés secondaires : la France devient la 3ème puissance spatiale en 1965, suivie par le Japon, la Chine, le Royaume-Uni, l’Inde et Israël pendant la guerre froide. L’Union européenne lance l’Agence Spatiale Européenne en 1975, largement financée par la France et le Royaume-Uni, et devient une puissance spatiale en 1981. Élu en 1980, le président américain Ronald Reagan relance la confrontation avec l’URSS. Les Etats-Unis sont à l’initiative de la guerre fraîche, lançant le programme Star Wars qui consiste à protéger le territoire américain de toute attaque soviétique. Cette relance des budgets militaires fragilise lourdement l’URSS : les américains sont gagnants dans la course à l’espace et l’URSS implose en 1991. La fin de la guerre froide implique un intérêt beaucoup moins important pour l’espace et d’autres enjeux voient le jour. Désormais à la tête d’un monde unipolaire, les Etats-Unis endossent leur rôle de “gendarme du monde” au Moyen-Orient, en Somalie, en Yougoslavie et au Rwanda. Les budgets de la NASA sont coupés afin de réduire le déficit budgétaire causé par Star Wars. Sur le plan économique, le président américain Bill Clinton mise sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC): la maîtrise des câbles sous-marins devient une nouvelle menace fantôme. Bien qu’enjeu de second plan, l’espace réapparaît à la fin du XXème siècle : la Station Spatiale Internationale voit le jour en 1998 dont le budget est en grande partie assuré par les Etats-Unis.














Vers un espace multipolaire et stratégique


Si les gouvernements et les nations se sont pendant quelques courtes décennies détournés de l’espace, cette époque semble à l’heure actuelle belle et bien révolue.

Bien qu’il soit difficile d’évaluer quand l’espace est revenu sur le devant de la scène, force est de constater que le Lapin de Jade (robot chinois) posé sur la face cachée de la Lune en 2019 n’a fait qu’accélerer le mouvement. En effet, en tout juste 16 ans, la Chine, qui envoyait un astronaute dans l’espace seulement en 2003, se dote alors d’une technologie de pointe, pour se poser là où aucune nation ne s’était rendue auparavant.

Une nouvelle ère s’annonce donc pour la conquête spatiale. C’est ce que l’Ecole de Guerre économique appelle le New Space, en opposition au Old Space faisant référence à l’espace tel qu’il fut perçu lors de la Guerre froide. Le New Space se dessine selon 3 axes : l’apparition d’acteurs privés, des objectifs financiers mais un champ d’actions concentré sur le militaire, ce qui peut se résumer très simplement comme “l’ubérisation de l’espace”.

Historiquement, l’espace n’était que très rarement accessible. Les programmes étatiques, comme la NASA, avaient bien souvent main basse sur cette zone à part entière, que ce soient pour des raisons financières mais aussi technologiques et sécuritaires. Néanmoins, quelques acteurs privés ont réussi à tirer leur épingle du jeu, dès le début du 21e siècle. L’exemple le plus parlant de la popularisation de l’espace est évidemment Space X, créée en 2002 par le milliardaire Elon Musk. Entreprise privée et partenaire officiel de la NASA, elle a fait décoller en 2022 plus d’une fusée par semaine, ce qui représente un record inégalé, et plus d’un tiers de l’intégralité des lancements de l’année. Dans cette privatisation de l’espace, comment ne pas mentionner le tourisme spatial ? En 2021, c’est l’autre milliardaire de notre siècle, Jeff Bezos, qui s’improvise astronaute pour la journée au sein de sa fusée Blue Origin. D’ici 2030, des stars telles que Lady Gaga, Justin Bieber ou encore Leonardo Dicaprio devraient aussi aller côtoyer les “stars” de notre système solaire. L’attrait pour l’espace ne peut donc pas se démentir.

Mais au-delà de quelques voyages hors de prix pour les plus riches, cette zone se révèle être aussi le nouveau Cheval de Troie, dans un contexte international toujours plus complexe et fragmenté. Le développement des nouvelles technologies, couplée à un retour de la conflictualité sur l’intégralité du globe font de l’espace un enjeu de défense et de sécurité à part entière. Selon le Général Vincent Desportes, il n’y a “pas de défense possible sans maîtrise de l’espace”, et au vue de la croissance exponentielle de l’industrie de défense spatiale, tout tend à s’accorder à sa vision. Partout à travers le monde, des programmes à la pointe de la technologie émergent, afin de développer la présence dans l’espace à des fins militaires. Aux USA, le projet CONVERGENCE, à l’instar du projet français SCORPION, a pour objectif de créer une armée connectée, grâce à une connectivité entre le soldat, le matériel et son environnement.Afin d’obtenir des informations fiables plus rapidement, l’armée américaine utilise un réseau de satellites, militaires comme commerciaux. En France, la LPM (Loi de Programmation Militaire) se veut futuriste, en créant le programme YODA (Yeux en Orbite pour un Démonstrateur Agile), afin de mettre sur pied “une capacité de défense active en orbite à l’horizon 2030”. Ainsi, un espace militaire semble être le futur de cette zone, pourtant encore inoccupée il y a 50 ans.



Conclusion :


Alors que dans les années 80, seules 2 nations avaient envoyé un homme dans l’espace, c’est aujourd’hui 38 nations qui furent un jour ou l’autre représentées au-dessus de nos têtes par un de leurs citoyens. Le Mont Everest, autrefois prouesse sportive et mentale, est régulièrement assailli de touristes, au point où de véritables bouchons humains peuvent se former à son sommet : doit-on donc s’attendre à un phénomène similaire dans l’espace ? Nous espérons que non, puisque à moins d’être Anakin Skywalker en pleine course, naviguer entre satellites et déchets spatiaux se révélera vite impossible…












Sources :


https://www.linkedin.com/pulse/jean-loup-chr%25C3%25A9tien-il-faut-un-contr%25C3%25B4le-militaire-/?trackingId=LchTo730S%2FCxXLxfldQpqw%3D%3D

https://fr.wikipedia.org/wiki/La%C3%AFka

https://www.ege.fr/infoguerre/laccroissement-de-puissance-par-lespace

https://www.sciencesetavenir.fr/sciences/le-lapin-de-jade-chinois-fait-un-grand-saut-sur-la-lune_130619

https://www.numerama.com/sciences/1221488-en-2022-spacex-a-lance-une-fusee-par-semaine-et-na-connu-aucun-echec.html#:~:text=Si%20l'on%20fait%20une,avec%20sa%20fus%C3%A9e%20Falcon%209.

https://www.defensenews.com/land/2022/11/10/army-showcases-space-enabled-targeting-system-at-project-convergence/

https://www.opex360.com/tag/lpm/





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